D’île en île en île

Moana Gascogne, saison 2, épisode 3

Après la pluie, le beau temps, paraît-il. Et après le vent, le un peu moins de vent.
Une fois la petite tempête passée à l’abri à l’île d’Yeu, nous pouvons profiter d’une accalmie passagère pour nous remettre en route vers le Nord-Ouest.

La zone Nord-Gascogne offre un « paysage sous-marin » un petit peu plus varié que la zone centrale, toutes proportions gardées : si le plateau est à peu près aussi large en face de la Charente qu’au niveau du Finistère, la profondeur du plateau augmente légèrement plus rapidement au Nord qu’au Sud, et surtout la présence de plusieurs îles rocheuses situées à 5-10 milles nautiques de la côte est notable.

Agissant comme des têtes de pont vers le large, elles apportent de la variation dans les pentes puisque l’isobathe 50 mètres se trouve à environ 2 nautiques au large des îles alors qu’il est à 20 milles de la côte continentale.

De quoi offrir un milieu plus propice à la présence estivale de cétacés ?
…Oui !
Si les marsouins nous avaient accueillis à l’île d’Yeu, ce sont des Dauphins communs que nous rencontrerons peu après notre départ.

Trois Delphinus surgissent de l’eau riche et verte pour rejoindre Anacaona… pas pour longtemps mais l’attention est appréciée !

Les conditions de houle ne nous permettent pas de réaliser une observation aussi fine que nous l’aurions souhaité, et ils se détourneront assez rapidement de nous pour continuer leur activité : manger ! Ils sont accompagnés dans cette entreprise par une trentaine de fous de Bassan et une dizaine de puffins des Baléares, le tout à quelques centaines de mètres de la « zone interdite » de l’usine éolienne en construction entre Yeu et Noirmoutier, pour l’instant surtout remarquable par ses massives fondations.

Quand l’humain industrialise l’océan (avec quels effets à prévoir ?), les dauphins ont intérêt à se serrer les coudes

Quelques observations s’enchainent assez vite, plusieurs petits groupes de Delphinus sont rencontrés le long de notre route. Avons-nous beaucoup de chance, ou la zone est-elle simplement riche en Dauphins communs ? Statistiquement, la deuxième hypothèse est la plus vraisemblable, et tant mieux.
Un vent de force 4 à 5 se relèvera malheureusement assez vite du Nord-Ouest, et nous serons à nouveau forcés de prendre un peu de repos, découvrant par la même occasion les élégants remparts de Belle-Île-en-Mer.

En plus d’autres qualités, la Citadelle Vauban protège efficacement du vent de Nord-Ouest

Une fois Belle-Île laissée dans notre rétroviseur, la nouvelle scène qui s’ouvre devant nous est assez similaire, et les Delphinus ne tardent pas à être observés. Ils sont très souvent occupés à manger, et moins intéressés par le voilier que par les bancs de petits poissons qu’ils disputent aux oiseaux. Par rapport au Sud, les puffins cendrés se font rares, et semblent avoir été en bonne partie échangés contre des fous de Bassan… tandis que les thons sont maintenant aux abonnés absents, leur place laissée vacante pouvant probablement profiter aux dauphins.
Au milieu de tout ça, les engins de pêche des humains sont présents en grande quantité, et nous retombons sur un groupe de Marsouins communs. 7 individus répartis en trois sous-groupes sont en train de se nourrir, et nous apportent à leur insu la confirmation que la zone est en fait plutôt assez peuplée en marsouins, même en été !

Trois marsouins sur une seule photo, ça ne parait pas très impressionnant dit comme ça mais ça n’arrive pas tous les jours !

Un peu plus loin, alors que nous pensions initialement nous arrêter sur l’île de Groix, nous changeons finalement de plan et troquons une île pour une ville. Nous nous amarrons dans la rade de Lorient, où l’imposant béton de l’ancienne base de sous-marins allemands apporte une touche pour le moins originale au paysage. Eh oui, n’est pas Vauban qui veut !

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